vendredi 3 juin 2011

On prend de la hauteur à Carmel

Le coup de cœur du jour. Aux confins de Barcelone, le quartier populaire de Carmel a depuis toujours été excentré, isolé derrière sa colline, mal relié au reste de la ville. Il commence à peine à changer, grâce -paradoxe- à un événement dramatique...




Vue de Barçelone depuis les hauteurs du quartier El Carmel, juste au dessus du parc Güell. Mais contrairement au célèbre parc dessiné par Gaudi, le Carmel est rarement traversé par les touristes. A tort.

Car ce quartier a une âme, due à sa topographie (tout en pente, on y accède... par un ascenseur!) autant qu'à son histoire. Les vieilles maisons de vacances des Barcelonais des années 1920, perchées sur la colline, ont cédé la place à un enchevêtrement anarchique d'immeubles appelées "auto-constructions". Sous Franco, les promoteurs bâtissaient à la hussarde, sans planification ni souci des normes de base. La ville de Barcelone se souciait peu du destin de ces habitants.

En 2005, le chantier du métro provoque un éboulement et la destruction d'un immeuble. Evacué, il ne cause que quelques blessures, mais tous les îlots autour de la place de Pastrana sont endommagés. La municipalité réagit dans l'urgence et débloque des fonds impressionnants : "on n'a jamais vu autant d'argent, indique Maria, de l'association de médiation Arquitectura Reversible. La ville avait visiblement des choses à se reprocher..."

Comme le Carmel n'a jamais vraiment été choyé, les habitants ont pris l'habitude de s'organiser par eux-mêmes. "Très vite, ils avaient monté des réunions et rédigé des listes de travaux à faire. Ils savaient parfaitement ce dont ils avaient besoin." Comme par exemple ces escalators d'extérieurs, qui leur permettent de se déplacer plus facilement et de fréquenter plus souvent les équipements publics.

Ces escalators, funiculaires et autres ascenseurs ne sont pas tellement destinés aux handicapés ou aux personnes âgées (ils montent mais ne descendent pas), mais ont tout de même changé leur quotidien. Même chose pour les rénovations d'immeubles branlants, les agrandissements de rues, la bibliothèque flambant neuve...

Un peu tape à l’œil mais efficace. L'immeuble en haut est un reliquat des "auto-constructions" des années 50, bientôt démoli.

Et tout en haut, au beau milieu du futur parc naturel de Barcelone, ces bidonvilles ne seront bientôt plus qu'un souvenir. "Les gens qui vivent ici veulent être relogés ailleurs. Mais s'ils sont propriétaires, leur bien n'a aucune valeur ; et s'ils sont locataires, ils paient un loyer dérisoire. La ville propose de les reloger en HLM au même tarif pendant au moins 10 ans." Ce trou dans le métro a vraiment donné mauvaise conscience à certains décideurs.

1 commentaire: