vendredi 10 juin 2011

« On n'a pas à rougir de ce qu'on a vu à Barcelone »

Séverine Beignon est responsable d’équipe de proximité à Habitat 35. Comme les autres bailleurs sociaux qui ont participé à ce voyage, elle estime avoir appris beaucoup de choses, sans faire de Barcelone un modèle à suivre à tout prix. Une certitude : « il faut toujours plus de concertation, avec tout le monde ».

Comment vous êtes vous retrouvée à Barcelone?
Habitat 35 a cofinancé le voyage. Nous étions trois professionnels accompagnés d'un "locataire relais" (un habitant faisant le lien entre l'office HLM et les autres locataires, NDR). On a voulu savoir comment se déroulent les concertations dans une ville qui se densifie. Et aussi tisser des liens. En général, les concertations fonctionnent mieux sur le terrain que dans des salles de réunions.

Un immeuble en rénovation dans le centre de Barcelone
Quelle est la situation au Blosne ?
On s'est rendu compte que les locataires se sentent peu impliqués dans la requalification du quartier, contrairement aux propriétaires. Alors qu'ils ont leur mot à dire, certains sont là depuis 40 ans ! On voudrait qu'ils apportent leurs points de vue, leurs inquiétudes. Leur montrer qu'ils peuvent avoir une influence sur l'avenir du quartier.

Y a t-il un plan de rénovation des immeubles HLM au Blosne ?
Le projet urbain crée une vraie dynamique, c'est certain. On rénove petit à petit, et le projet urbain permet plus de discussion entre tous les partenaires. Ca va plus vite, même s'il reste du travail.

Pensez-vous importer des choses vues là bas ?
Certaines oui. A Barcelone, les générations se croisent davantage sur l'espace public, les gens se mélangent plus qu'au Blosne. On doit pouvoir travailler sur les jeux pour les enfants, les espaces conviviaux. Mais les façons de vivre sont différentes, on ne peut pas tout transposer. Il y a aussi ce qu'on savait déjà : ajouter des commerces (le Blosne en manque sérieusement), changer les fenêtres, améliorer les accès aux immeubles, rénover les halls...


Sur la pancarte : "Nous voulons un quartier digne !"
A Barcelone ou à Berlin, les parties communes sont davantage investies par les locataires : les paliers, les bas de tours, et même les toits.
Sur les toits, même les architectes ont été surpris. Ils ne pensent pas assez à utiliser ce qu'ils appellent la "cinquième façade" : jardins partagés, espaces de jeux, terrains de sport, terrasse commune... Mais sur les paliers je suis plus réservée. Nous avons des normes de sécurité très strictes, pour les accès pompiers notamment. Mais on essaie déjà de proposer des choses aux habitants. Décorations, tableaux, plantes vertes, on leur pose des questions sur leurs besoins. Depuis quelques années, de gros progrès ont été accomplis en terme de concertation, on est sur la bonne voie. On n'a pas à rougir de ce qui se fait à Barcelone.


Beaucoup de locataires craignent, avec l'arrivée de nouveaux habitants plus aisés, une augmentation globale des loyers.
Ca fait partie des craintes qu'il faut dissiper : il n'y a pas de hausses programmées. Les gens ont peur aussi de perdre leurs places de parking, mais on peut trouver des solutions. De toute façon, il faut se faire à l'idée que de nouvelles populations vont venir habiter au Blosne. Ce diagnostic fait consensus chez tous les professionnels: à terme, il y aura plus de mixité, plus d'emplois, plus de services.

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