mercredi 1 juin 2011

Le quartier de la Mina

Jesus de la Torra, architecte en charge de la réhabilitation du quartier insalubre de la Mina (nord-est de Barcelone), raconte comment ce site excentré de 3000 habitants a changé de visage. Du moins, dans le discours...

Les locaux du site internet du quartier

Dans les années 90, la Mina était devenu "un cas limite de dégradation, annonce Jesus de la Torra. Pas autant que certaines banlieues françaises, mais du jamais vu en Espagne". A se balader dans le quartier, on imagine l'état déplorable de l'époque : il reste encore du boulot !
Construit dans les années 70, c'est un des derniers grands ensembles barcelonais. "Il a suivi un processus de dégradation très rapide : crise économique très dure, chômage, désespoir des familles... L'administration était complètement débordée." Violences, drogue, conflits culturels : la totale. "Une situation quasi carcérale."

Mais le quartier avait un potentiel de développement. La proximité de la mer, du foncier disponible, des projets ambitieux à proximité. "On s'est aperçu qu'il n'était pas plus dense que d'autres quartiers, plutôt dans la moyenne basse." D'où l'idée des urbanistes, qui tient en trois points:
1) Désenclaver, ouvrir la Mina vers le littoral, ajouter des ascenseurs, faciliter les déplacements et les traversées.
2) développer une vraie centralité de quartier, puisque son centre était vide, inexploité, source de querelles entre îlots. Commerces, services, ainsi qu'une rambla (longue artère bordée d'arbres) percée en son centre.
3) Diversifier le bâti et ramener des populations plus aisées. "C'était la seule solution: construire 1000 nouveaux logements, attirer des jeunes, pour réorganiser complètement la Mina".


Vue aérienne de la Mina, dans les années 70


Depuis la tribune, Frédéric Bourcier boit du petit lait. C'est, à peu de choses près, le projet du Blosne ! Mais là encore dans un contexte différent, puisque le Blosne (tout le monde s'en est vite aperçu), à côté de la Mina même rénovée, c'est Zurich. "C'est ça un quartier rénové ? Mais c'est pourri !" Une phrase qui résume bien l'impression d'ensemble...

Malgré les millions d'euros investis depuis 2000, les trottoirs rénovés, les arbres plantés, les circulations apaisées, l'impression d'ensemble est très mitigée. On voit bien qu'il reste des cellules commerciales vides, des tas de détritus un peu partout, des grillages aux fenêtres, des friches boueuses en guise de parking... L'animateur social du quartier a finalement trouvé la bonne formule : "l'urbanisme peut trouver des solutions pour améliorer la qualité de vie, mais pas pour les problèmes sociaux les plus profonds."

CR

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